C’est entre 2 biberons, dans sa jolie villa sur l’ile de la Réunion, que Marie nous a donné rendez-vous.
Marie est une jeune femme passionnée qui nous raconte son quotidien,
comment lui est venu son amour pour la forêt malgache,
et aussi qui partage avec nous sa routine beauté naturelle !
Présente-toi, quel est ton parcours ?
Je m’appelle Marie Nomena, je suis métisse franco malgache, née à Paris, et je suis partie vivre quelques années à Madagascar après mes études, afin de réaliser un rêve. Mon rêve est de participer à la sauvegarde du patrimoine environnemental malgache, tout en créant des emplois et des revenus pour toutes les parties prenantes. Aujourd’hui je vis à la Réunion, je suis maman de 2 enfants, et professionnellement je jongle entre mon activité de reforestation et mon métier d’expert-comptable.
Comment t'est venue l'idée de reboiser Madagascar ?
Je me souviens du premier numéro du magazine du commandant Cousteau, je devais avoir 7 ans.. La une portait sur la déforestation à Madagascar, et sur ses terribles conséquences : moins de pluie, plus d’érosion, moins de biodiversité, moins de poissons dans les mers, les sols appauvris.. Et chaque année, lorsqu’avec mes parents nous allions rendre visite à notre famille, nous étions les témoins impuissants des feux qui ravagent le pays en saison sèche.
Et puis un jour, des années plus tard, j’ai eu cette idée de créer un nouveau modèle de reforestation, qui permette d’impliquer des personnes à l’autre bout du monde, des personnes qui parrainent des arbres, afin que sur place, nous puissions planter et créer des emplois sur le long terme, à travers des sources de revenus complémentaires (via la production de miel, de tisanes, de vers à soie sauvage, de manioc...).
Comment ont été choisis les terrains/régions à replanter ?
Le choix des terrains fut difficile, il fallait trouver des zones accessibles, des terrains inutilisés, avec un climat correct. Le 1er site se trouve près de mon village d’origine, dans le sud-est de l’Ile, afin que je puisse m’appuyer sur place de personnes de confiance. Le climat est rude, c’est pourquoi nous ne pouvons planter d’arbres fruitiers, mais nous avons adapté notre sélection d’essences en fonction.
Peux-tu nous raconter l'histoire d'un arbre Alamanga : quelles sont les étapes depuis la graine jusqu'à l'apparition d'une forêt ?
Les premiers arbres ont maintenant 9 ans, aussi nous pouvons récolter leurs graines pour la prochaine plantation ! Auparavant nous les achetions auprès du Silo National des Graines Forestières, un organisme public malgache, possédant un très beau catalogue de graines.
Une fois récoltés nous les conservons jusqu’au mois d’Août, période de mise en place de la pépinière. Chaque année, nous reconstruisons les allées et les ombrières qui abriteront nos futurs petits plants.
Les graines sont semées dans des pots, à raison de 2 graines par pot, et sont arrosées tous les matins à l’aube. Certaines espèces sont semées directement dans le sol, et lorsque les plants sortent de terre nous les re-piquons dans des pots.
Pour remplir les pots, nous faisons livrer des charrettes de sable et de fumier de zébu, afin de préparer un mélange fertile. Le sable est passé au tamis, le tout est mélangé et empoté. Pour l’entretien de la pépinière nous renforçons l’équipe de 2 ou 3 femmes, car en plus de l’arrosage, il faut désherber, nettoyer, trier, repiquer et surveiller les éventuelles maladies.
Pendant ce temps, des hommes préparent le terrain, préalablement labouré, en traçant des lignes grâce à des piquets et des fils, pour former des parcelles de 1 hectare, constituées de 33 lignes, elles-mêmes matérialisées par 33 trous. C’est un travail physique, qui ne peut commencer qu’après les premières pluies, soit en novembre ou en décembre selon les années. Les pluies assouplissent le sol, resté sec pendant plus de 7 mois. Les hommes utilisent leurs « angady », ce sont les pelles locales, l’outil indispensable à tous les cultivateurs malgaches.
Enfin, nous surveillons la météo, et quand une grosse pluie s’annonce, une organisation de fourmis se met en place, afin de planter beaucoup, et très vite! Car les jeunes plants fraichement plantés ont besoin d’eau très rapidement, pour survivre, et nous n’avons pas de système d’irrigation ou d’arrosage sur le terrain. Les pots sont acheminés vers le lieu de la plantation, les plants sont mis en terre, et la terre est ensuite bien tassée, pour bien entourer les racines, et créer un réservoir pour l’eau de pluie.
Les plants grandissent ensuite, au cours de l’année nous taillons les branches les plus basses et coupons les herbes hautes alentours, et surveillons les éventuelles attaques (de termites, de papillons) ou maladies.
Qu'a apporté à Alamanga le partenariat avec Madagas'Care, comment s'est construite votre relation ?
Madagas’Care est notre premier partenaire direct, car auparavant nous ne travaillions qu’avec des intermédiaires. Grâce à Madagas’Care, nous créons un lien direct avec une belle entreprise partageant nos valeurs, et cela donne encore plus de sens à notre action. Sandrine est une personne qui m’inspire beaucoup par son dynamisme et sa fraîcheur, et qui m’apprend à mieux partager les réalisations d’Alamanga et à prendre du recul. C’est un partenariat enrichissant, révélant une bonne complémentarité entre nous!
J’aime l’idée que les Mada’Stars soient des femmes, soucieuses de leur santé et de l’environnement, et qu’elles puissent grâce à Madagas’Care contribuer et être sensibilisées à la préservation des forêts malgaches tout en prenant soin d’elles.
Bravo ! Je serais ravie de contribuer à faire revivre cette terre qui m’a vu naître il y a bientôt 59 ans ! Je prévois aussi un voyage sur la Grande Ile dans les années qui viennent ! Je serais alors très heureuse de pouvoir rencontrer des gens comme vous et d’autres personnes qui aide à la revalorisation de Mada ! Amitiés !